FAIRE CONVERGER LA GAUCHE ...

Publié le par blogmasterBNormand

Pour un grand nombre de nos concitoyens, ce début d’année est marqué par l’inquiétude, pour leur avenir personnel, pour l’avenir de notre pays et même pour celui du monde. C’est à cette inquiétude que nous, responsables et élus socialistes, voulons répondre en tissant de nouvelles convergences entre toutes celles et tous ceux qui pensent que la situation d’aujourd’hui nécessite de construire les conditions d’une nouvelle alternance pour demain. Nous partageons une même vision du monde, nous souhaitons partager une même vision de l’avenir de notre pays.


Une même vision du monde

 

La crise financière que nous venons de connaître, et dont les effets ne sont pas tous derrière nous, n’était pas le fruit d’un accident de parcours. Elle était la résultante d’une économie où la spéculation financière a pris le pas sur l’économie réelle, imposant sa loi aux entreprises, faisant du travail des hommes une simple monnaie d’échange sur le marché international, imposant des distorsions de concurrence insoutenables à long terme de par l’énormité des disparités salariales.

 

Dans les pays du nord, ce système a entraîné une disparition massive d’industries, une tendance à la baisse des salaires compensée par un endettement privé grandissant. L’objectif du gain facile, massif et rapide, a miné tout le système économique et financier. Nous vivons aujourd’hui avec le spectre d’une nouvelle crise de l’endettement public alors que la crise financière est à peine jugulée. Les pays émergents, Inde, Chine, Brésil, ont connu une croissance extrêmement rapide mais au prix de fractures sociales qui peuvent, à terme, remettre en cause leur stabilité et leur développement. Partout n’a cessé de grandir le nombre de ceux qui continuent à être exclus de ce mode de développement. La malnutrition, la maladie, frappent des pays entiers en Afrique comme dans l’Asie du sud-est. Le chômage de masse, la pauvreté, sont réapparus au sein même des pays industrialisés. Le monde globalisé devient ainsi une addition de mondes fragmentés. Il n’est pas seulement injuste, il est aussi dangereux. Jamais, en effet, les différentes régions du monde n’ont paru aussi proches et pourtant jamais de pareilles fractures aussi profondes n’ont semblé se dessiner ; entre les continents, au sein des nations, au sein des villes. C’est la même logique économique du court terme, qui a fait négliger tous les signaux annonçant l’imminence de la crise financière, qui amène aujourd’hui à relativiser l’urgence de la crise écologique. Le fiasco de Copenhague est, de ce point de vue, symptomatique des limites de la gouvernance du monde. Un autre modèle économique, social, environnemental doit être promu.

 

Une même vision pour notre pays 

 

En France aussi, il faut changer de cap ! Car notre pays est mal parti. La désindustrialisation ne cesse de s’accentuer. Les salaires sont sans perspective. Le chômage a repris sa course vers le haut. La couverture sociale tend à diminuer et le passif des comptes sociaux connait des niveaux inquiétants. Les jeunes travailleurs et, ce qui est nouveau, les jeunes diplômés sont à la peine dans la recherche d’un emploi. Les chefs d’entreprise traduisent leur inquiétude dans l’avenir par un attentisme à investir, renforcé encore par les dysfonctionnements du système bancaire. La délinquance, d’une violence encore jamais vue, monte dans des quartiers populaires paupérisés. Les populations et les jeunes sont les premières victimes de cette insécurité sans perspective de solution économique. Les policiers y assistent médusés, partagés entre crispation et renoncement. L’exemple des Etats-Unis montre combien de temps il faut pour rattraper ce qu’une politique aveugle peut créer de retard. Or, L’action gouvernementale patine, marquée du sceau d’un discours oscillant sans cesse entre lyrisme compassionnel et radicalisme verbal.

 

La cause de cet échec ? Elle réside dans l’absence de vision solidaire de la société, dans une conception très élitiste du pouvoir basée sur le seul appui d’une étroite aristocratie politique, médiatique et économique. La distance ne cesse de grandir entre gouvernés et gouvernants alors que pour aller de l’avant, la mobilisation et l’adhésion de tous sont indispensables.

 

La logique naturelle du marché mondial creuse les inégalités. La démocratie vise à les combler et les services publics restent la forme privilégiée de la solidarité pour y parvenir. Voilà pourquoi la République est une idée moderne.

 

Si l’on refuse la fermeture des frontières, bouclier illusoire contre les défis extérieurs, il faut redonner à la société, à la jeunesse, l’envie de se redresser. Il faut que les créateurs, les chercheurs, les entrepreneurs, soumis à la contraction du crédit, retrouvent l’envie de conquérir. Il faut rassurer les personnes entrées dans le grand âge et garantir durablement le système des retraites et assurer les salariés de l’accès au patrimoine. Tout discours sur la valeur du travail ne sera sinon que palabre et tromperie. L’emploi pour tous est la priorité ! Depuis l’éducation initiale, des écoles de quartier aux grandes écoles, jusqu’à l’université et la formation professionnelle des salariés tout au long de la vie, tout notre système doit y tendre.  La précarité des statuts et des revenus n’est pas seulement source de régression sociale, elle conduit inexorablement à une véritable régression démocratique. Le recours à l’impôt qui sera nécessaire, pour réduire les déficits actuels, doit, pour être accepté, être l’objet d’un grand débat démocratique. Il doit surtout se doubler d’un contrôle strict de la dépense publique pour que nul ne puisse douter de son efficacité et de son équité.

 

Les institutions doivent être le support de ce renouveau démocratique. La présidence de la République est une fonction qui doit rompre avec le modèle de l’hyper-présidence. Nous souhaitons l’établissement d’une nouvelle République établissant un équilibre entre présidence, gouvernement, parlement. La justice doit être indépendante. Les médias doivent retrouver les moyens de leur liberté. Les citoyens doivent être, au plus près, associés à la prise de décision publique. Nous voulons une démocratie du pouvoir partagé. Les potentialités démocratiques en France sont immenses. Encore convient-il de les faire s’épanouir, non de vouloir les étouffer en suscitant les peurs !

 

Une même volonté pour l’Europe

 

Débarrassée d’un discours aux prétentions hégémoniques, la France pourra contribuer à ré-impulser une vraie volonté européenne. Il y a urgence car l’Europe pourrait se briser sur les politiques à courte vue que constituent dumping social et optimisation fiscale. Il faut, pour construire un autre avenir, mettre en place des politiques économiques européennes coordonnées, assumer ouvertement les choix de solidarité entre pays de l’Ouest et pays de l’Est, promouvoir tous ensemble l’économie de la connaissance, faire surgir des champions européens capables d’affronter la concurrence mondiale, instaurer une société qui soit un modèle du développement durable. Seule une telle politique peut redonner à l’Europe une place éminente dans un monde de plus en plus dominé par ces nations-continents que sont les Etats-Unis, l’Inde, la Chine, le Brésil.

 

Forte d’une puissance économique retrouvée, l’Europe pourra alors faire valoir ses valeurs culturelles, de l’antiquité grecque au siècle des lumières, qui sont celles d’un espace public qui garantit la liberté de conscience, la liberté d’opinion, la liberté religieuse, et qui récuse toute forme d’intolérance. En France, ce modèle se nomme laïcité. L’Europe pourra à nouveau jouer un rôle diplomatique majeur visant au rapprochement des civilisations, à l’instar de ce qu’elle-même a su faire en établissant une paix durable entre ses Etats pourtant séculairement divisés.  A l’autre bout de la chaine, il faut aussi innover sur le plan local. Dans un monde des villes et des territoires, il est en effet fondamental d’ancrer les politiques européennes comme les politiques nationales sur des collectivités locales fortes de la proximité de leurs élus avec les citoyens, et de leur capacité d’initiative économique avec les acteurs de terrain !

 

Agir ensemble !

 

Pour y parvenir, il faut s’unir ! Personne ne gagnera seul ! Il faut abandonner les querelles anciennes, cesser de croire que chacun peut agir seul dans son coin, qu’on pourra fabriquer un programme socialiste entre socialistes, qu’on le transformera ensuite en patchwork avec un programme écologiste, fabriqué par les écologistes tout seuls, puis les radicaux tout seuls, puis les démocrates du centre tout seuls, puis la gauche communiste toute seule. Car, à force d’avoir été tout seuls au premier tour, nous serons battus tous ensemble au deuxième tour. Nous devons au contraire réfléchir et proposer, tous ensemble, enfin dégagés des rapports de force qui n’ont rien à voir avec l’exercice de la pensée. Notre identité politique propre n’a pas vocation à nous isoler mais au contraire à nous lier aux autres afin de dialoguer et de construire. L’élection présidentielle de 2012 et l’élection législative doivent être gagnées par tous ceux qui souhaitent réformer la société, la gauche, toute la gauche, socialistes, radicaux, communistes, les écologistes, les démocrates du centre et jusqu’à ceux pour qui le gaullisme est d’abord le refus de la soumission de l’Etat aux seuls intérêts particuliers.

 

Que l’on ne s’y trompe pas, c’est la question démocratique qui détermine les alliances, pas l’inverse et c’est elle qui gouverne la question sociale. Le dire ainsi rompt avec un confort du passé, qui est devenu conformisme. Les régionales de 2010 qui, certes, seront marquées par une compétition de premier tour doivent être le banc d’essai de cette convergence pour que le rassemblement de toutes les forces au deuxième tour permette une victoire qui puisse en annoncer d’autres. A nous de relever l’ensemble de ces défis ! A nous de créer aujourd’hui et maintenant les convergences qui permettront d’offrir une nouvelle espérance pour demain.


Signataires:
  • Jean-Pierre Mignard, avocat, membre du Conseil national du Parti Socialiste,
  • François Rebsamen, sénateur de la Côte d’Or, maire de Dijon,
  • Gérard Collomb, sénateur du Rhône, maire de Lyon,
  • Jean-Yves Le Drian, président du conseil régional de Bretagne,
  • Jean-Louis Bianco, député de la 1ère circonscription des Alpes-de-Haute-Provence, président du conseil général des Alpes-de-Haute-Provence,
  • Jean Jack Queyranne, député de la 7ème circonscription du Rhône, président du conseil régional de Rhône-Alpes,
  • Jean Pierre Masseret, sénateur de la Moselle, président du conseil régional de Lorraine,
  • Gaëtan Gorce, député de la deuxième circonscription de la Nièvre, maire de La-Charité-sur-Loire,
  • Marc Daunis, sénateur des Alpes-Maritimes, maire de Valbonne Sophia Antipolis,  
  • Jacques Auxiette, président de la région Pays de la Loire,
  • Thierry Repentin, sénateur de Savoie,
  • Jean Marc Todeschini, sénateur de Moselle,
  • Aurélie Filippetti, députée de la 8ème circonscription de Moselle,
  • Vincent Feltesse, président de la Communauté urbaine de Bordeaux, maire de Blanquefort,
  • Gilles Savary, Vice-président du conseil général de la Gironde, conseiller général du canton de Talence,
  • Frédérique Bredin, ancien ministre,
  • Monique Saliou, membre du Conseil national du Parti Socialiste,
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